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A la suite de l’Assemblée Générale 2013 où tous ont appris le « oui » de l’Etat à la demande de subvention, il nous a (enfin!) été permis de communiquer sur le futur orgue de Charolles. Le buffet a ravi tous ceux qui l’ont vu (les personnes présentes à l’Assemblée Générale, mais en amont aussi, dit-on, la Commission d’Appel d’Offres de la Ville).
Nous joignons la composition, non moins intéressante.
Précisons que cet instrument, situé dans une zone rurale dépourvue d’orgues aptes à présenter le vaste répertoire classique, doit réussir le tour de force d’unir:
- un profil visiblement « culturel »;
- une personnalité affirmée: ici, le fil directeur est le compositeur J. Titelouze (1553-1633), celui qui représente le moment où l’esthétique musicale de l’orgue français s’est dégagée à partir du « tronc commun » européen;
- un certain « élargissement », sous peine de devoir exclure des pans immenses du répertoire d’une période (1650-1750) extraordinairement riche en œuvres majeures dans l’Europe entière;
- une accessibilité sans problèmes aux activités locales autour des différentes Associations du Pays Charolais-Brionnais (Ecoles de Musique, Harmonies, chorales …).
L’axe « française » s’est imposée lors des nombreuses visites d’orgue organisées pendant dix ans par l’Association: l’esthétique « franco-flamande », en plus de son grand intérêt intrinsèque, permet une certaine universalité (ouverture à J.S.Bach et à tant d’autres) grâce à la qualité hautement polyphonique de ses jeux.
Mais jouer J.S.Bach (par exemple) suppose un 16 pieds de pédale et un tempérament un peu adouci. Voilà certes des compromis … mais qui apparaissent indispensables dans la mesure où aucun orgue voisin ne permet de jouer correctement ses œuvres.
Le diapason sera La = 415Hz. Cependant, afin de ne pas exclure les acteurs de la vie musicale locale, une transposition du positif en La = 440Hz est prévue, rendue possible par un tempérament « tournant ».
Le choix des tailles et l’harmonisation seront de nouveau l’occasion pour Quentin Blumenroeder de partager des moments agréables avec Dominique Thomas.
En somme, cet instrument ne sera ni une pièce de musée trop restrictive ni cette abomination, « l’orgue à tout jouer », mais un orgue bien d’aujourd’hui qui s’inspire des plus beaux modèles historiques.
Qu’en pensez-vous?
You like the case already … what do you think of the specification? It is orientated towards 17th century Franco-Flemish style but not exclusively, as in our part of France there is not a single organ for miles around which will let you hear Bach otherwise than in an enormous porridge-style mush.
The temperament will be the one used by A. Silbermann (good reference!!): a compromise, admittedly, since it is 18th century in style, but all the same, the different tonalities all retain their own particular character. This is good for Bach of course. And it also means the organ can be tuned to A: 415 (the pitch most often used by the best specialists in music of the classical period) – and at the same time, the Positif will be transposable to A: 440 in order to accommodate the choir, the music school and the band (it would be unthinkable for them never to be able to play with the organ).
We definitely don’t see any real point in having an « all-purpose organ ». (Just imagine a wine which you could drink with absolutely any food …!) But we do believe that you have to be a little bit pragmatical … and that this will allow us to get the best of both worlds!
Organostriste a dit:
Dieu que c’est triste de voir encore un orgue de ce style naitre au 21 ème siècle … il y a 20 ans, La Chaise Dieu décidait la reconstruction dans le même style archaïsant … moralité, l’orgue ne sert que pour les messe, et encore … le tempérament y interdit certaines transpositions, et pour les concerts … ils utilisent un « instrument électronique » … Vous aurez là sans doute un joli pastiche, une belle pièce d’artisanat, mais ce n’est, je crois, hélas pas en continuant de marcher à reculons que l’orgue aura un avenir au delà du 21 ème siècle … malgré tout je vous souhaite bon vent dans cette aventure !
les Amis de l'Orgue de Charolles a dit:
Dieu que c’est triste de ne pas aimer le chocolat … ou plutôt le vin, car c’est lui qui me vient très facilement à l’esprit quand j’écoute un bel orgue ancien. Un orgue du 20ème siècle (puisque le parc du 21ème est – hélas tout de même – encore bien petit) ne m’a pas encore fait cet effet. Mais les goûts et les couleurs …
Ici, nous ne sommes pas tristes du tout :
1. nous aimons le répertoire du 17ème.
2. l’esthétique choisie comme point de départ (car l’instrument se veut un orgue actuel et ne sera nullement une copie) permet de faire un orgue très « ouvert ».
3. nous ne craignons pas qu’il ne soit délaissé car l’intérêt du monde spécialisé est vif pour ce style particulier qui est relativement peu représenté.
4. quelqu’un a dit, je crois, que « sans le passé, point d’avenir qui vaille ».
Merci de vos bons vœux qui nous vont droit au cœur !
Antoine Pietrini a dit:
Il faut aller en Espagne pour trouver le dernier orgue contemporain conçu par un Français. Il s’agit de la Cathédrale de Leon, avec un orgue Klais, conçu par Guillou. Le précédent était à Rome, celui d’avant à Tenerife aux Canaries… et on peut parfaitement y jouer Titelouze, et Bach, et Cabanilles… mais aussi Liszt et Guillou, autrement dit, y faire de la musique…
Vous savez, je crois qu’il y a beaucoup plus grave que construire des « orgues à tout jouer » -vocabulaire que, normalement, plus personne n’emploie depuis 30 ans- c’est construire des orgues à ne rien jouer…
Mais, comme l’autre contributeur, bon courage malgré tout pour cette aventure, elle est intéressante et souvent enrichissante sur le plan humain.
Antoine Pietrini
les Amis de l'Orgue de Charolles a dit:
Bonjour Antoine, bienvenue aux commentaires!
Vous n’êtes peut-être pas, comme nous, en zone rurale pauvre en orgues et loin des grands centres? Dans notre « Pays », bon nombre de ceux qui « connaissent l’orgue » soupirent réellement après l’orgue à tout jouer, même s’ils n’emploient pas toujours cette expression. Sur notre orgue nous ne jouerons pas tout, mais énormément de choses. Certaines passeront moins bien, car il aura de la personnalité – alors qu’un orgue à tout jouer doit forcément en avoir le moins possible, histoire d’être « tout à tous » et également bon pour tout style (ce qui fait qu’il est en même temps aussi mauvais …). Question de goûts et de saveurs peut-être? Mais il me semble vraiment qu’entre la pâte sonore de Bach et celle de Liszt il y a un abîme. (Ou alors il faudrait plusieurs orgues en un …)
Au risque d’être radicale, je me demande si « l’orgue à ne rien jouer » existe vraiment car lorsqu’on veut absolument faire de la musique on peut. Quelquefois c’est très pénible j’en conviens, mais très salutaire: à l’opposé, combien de musiciens se reposent sur un bel instrument et oublient justement de faire de la musique! Mais fuyons ce domaine car c’est une question vaste et provocante.
En tout cas, lorsque vous passerez à Charolles je vous encourage à vous annoncer – pour qu’on vous fasse voir le plan humain!
Je laisse la parole aux autres lecteurs …
Antoine Pietrini a dit:
C’est la première fois que j’entends dire que l’Alpe d’Huez manque de personnalité…
Non, plus sérieusement, il faudra encore combien d’année, de décennies, de siècles, pour se rendre compte qu’il ne suffit pas qu’un orgue possède les limites, que l’on peut aussi nommer défauts, d’un orgue ancien (claviers et pédalier réduits, absence d’expression, vent (volontairement ou non) instable, absence des accessoires standards depuis plus d’un siècle, tempérament inégal) pour qu’il possède, de ce seul fait, la moindre de leurs indéniables qualités ?
A contrario, comment persuader les gens qui ont votre approche, approche sincère neuf dois sur dix, qu’un orgue neuf DOIT être conçu non pas pour la musique d’hier, ni pour celle d’aujourd’hui, mais seulement pour celle de demain… Et encore, si on devait se contenter de la musique écrite, vous vous limitez à interpréter sur ce type d’orgue un dixième du répertoire existant dans la littérature pour orgue, au grand maximum !
Aucun concepteur d’orgue, jusqu’en 1950, n’aurait eu l’idée de regarder en arrière, et surtout pas ceux que vous (comme tout le monde) copiez ! Aucun facteur du XVIIème n’aurait compris qu’on lui demande un orgue de la Renaissance, aucun facteur du XVIIIème n’aurait copié un orgue précédent – ils ont même passé leur vie à améliorer les timbres, le vent, agrandi les claviers pour arriver à une sorte de standard, au moment de Poitiers et St Maximin, etc. etc. etc.
Toutes ces initiatives, pour sympathiques et respectables qu’elles soient sur le plan humain, pour l’investissement que cela implique, etc. ne peuvent et ne doivent pas faire oublier le côté intrinsèquement surréaliste car obsolète de cette démarche.
les Amis de l'Orgue de Charolles a dit:
Quoi dire après la grande agitation que cette question a soulevée sur Facebook pendant les 24 dernières heures …
« Avoir de la personnalité » : n’est-ce pas que cela suppose un profil bien autre que plat ? c’est-à-dire certaines qualités … et forcément les défauts de ces mêmes qualités.
Mais au fond, nous voici apparemment dans une modeste et moderne « Querelle des Anciens et des Modernes », j’aurais certainement dû m’y attendre. « Comment persuader … ? » Par le plaisir plus ou moins grand, pardi ! C’est lui qui mène : nous ne nous sentons pas ligotés par le concept du « progrès » en art, ni par ses inévitables prescriptions. (Notons que les gens des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles avait bien – de façon générale, pas en ce qui concerne les orgues certes – un pied solidement planté dans des siècles éloignés et ne se sentaient pas du tout obsolètes pour autant.)
Notre ambition à Charolles ne se limite pas du tout à reproduire les limites (« défauts ») d’un orgue historique ! nous voulons encore davantage ses qualités. C’est là notre choix : mais vous faites bien de suivre votre cœur et vos goûts ! Constatons seulement – en passant – que tout art, pour s’épanouir, a besoin de limites. Ainsi par exemple pour les tempéraments inégaux : nous ne voulons obliger personne à aimer leurs saveurs: mais pour nous le tempérament égal est une limitation grave au plaisir que peuvent donner certaines œuvres. Dans la vie on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre …
Descendons sur terre avec un élément de poids: loin des conversations spécialisées, les Charolais en voyage d’orgues (qui ont lieu depuis 10 ans) aiment particulièrement les orgues historiques français ! (Ils ont entendu très peu de instruments modernes de ce type puisque c’est l’esthétique allemande qui a été le plus souvent privilégiée dans notre région.) Élément réjouissant, car le plus bel orgue du monde, pour bien vivre, a besoin d’être aimé de la population des alentours …
Bien à vous !
Vincent Lamy a dit:
Bravo pour cette belle entreprise, je pense que ce projet va aboutir sur une réalisation formidable. En plus vous n’avez pas choisi n’importe qui comme facteur !
Vincent Lamy
les Amis de l'Orgue de Charolles a dit:
Merci de ces paroles enthousiastes et encourageantes. Oui, nous attendons quelque chose de très beau. Nous sommes heureux … et naturellement impatients. Vous serez le bienvenu, nous voulons que cet orgue apporte le plus possible de joie au plus possible de musiciens/mélomanes. Restez en contact!!
Frédéric Martin a dit:
Oui, un orgue neuf est toujours un engagement et forcément un choix. C’est le choix d’un facteur qui écarte forcément d’autres facteurs (même si l’on apprécie également ces derniers). C’est donc le choix d’une esthétique et pas d’une autre. Choisir c’est renoncer certes mais c’est cela n’a rien de négatif, c’est savoir s’engager et assumer son choix, un choix. Cela est tout aussi vrai dans le choix d’un orgue contemporain fait pour le musique contemporaine qui n’a pas non plus qu’une esthétique unique.
Depuis plus de trente ans que je vis dans la musique ancienne en cherchant constamment comment être plus éloquent, plus touchant, je ne cesse de dire que cette recherche ne peut être par essence que contemporaine même si elle porte sur un vocabulaire, des « outils » qui sont nés en d’autres temps. Rien ne m’empêche de me nourrir d’œuvres de cultures et d’époques différentes que je ne pourrais interpréter moi-même.
Je suis admiratif et pleinement d’accord avec les choix et les raisons qui ont permis la construction de cet orgue. J’espère qu’il servira durant une très longue existence, de nombreux passionnés de musique. Et enfin, oui, j’espère avoir le plaisir de venir jouer avec cet instrument qui pique impatiemment ma curiosité.
Avec toutes mes amitiés
les Amis de l'Orgue de Charolles a dit:
Merci de cette belle « profession de foi », Frédéric: de quoi tordre de cou (si possible!) à toute velléité sectaire d’où qu’elle puisse venir. Merci aussi pour ces bons vœux pour l’enfant à naître que nous partageons entièrement. Nous t’attendons à Charolles de pied ferme!
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